La Tanzanie est connue pour le Kilimandjaro, ses parcs nationaux tels que le Serengeti. Elle est moins connue pour son passé ferroviaire. Nous vous proposons une découverte d'une partie de la ligne en voie métrique de Mwanza (près du lac Victoria) vers l'intérieur du pays.
Il n'y a pas une lignes mais des lignes ferroviaires en Tanzanie. Commençons par vue générale de la ligne Mwanza-Dar-Es-Salaam.
Carte de la Tanzanie avec les gares principales
Mwanza:
Cette ville est assez surprenante car bien qu'étant la deuxième ville du pays car son port permet les échanges commerciaux avec l'Ouganda, le Kenya, elle est reposante et conserve un aspect très varié avec ses collines pleines de maisons construites à côté des rochers. Cela lui vaut le surnom de "rock city". La gare de Mwanza est à voir. Elle est représentative d'une époque, aujourd'hui révolue, où le style architecturale devait en imposer au voyageur. En entrant dans la gare, on se prépare à un long voyage. Mais cela ne fait pas peur aux tanzaniens qui sont d'une infinie patience. Il faut compter deux jours voire trois pour aller à Dar-Es-Salaam. On remarque que les bagages sont encore pesées et suivant ce qui est acheminé, cela sera mis dans les wagons marchandises.
Vue de l'entrée de la gare de Mwanza km 378
L'accès aux quais se fait par le côté gauche. On découvre un faisceau de voies dégagé avec une halle marchandises. Il y a un petit abris et surtout un grand arbre pour se mettre à l'ombre. Des petits "restos" permettent de se sustenter.
Vue du faisceau de voies de la gare de Mwanza
La voie est à écartement métrique depuis l'origine (1899) et on devine que celle-ci est restée bien longtemps sans rénovation. La construction de cette partie de la ligne est donc très ancienne. Les anglais en assuraient l'exploitation avant 1945 jusqu'à l'indépendance.
Vue de la voie métrique en gare de Mwanza
Vue générale du faisceau de voies avec une locomotive attelée à des wagons de fret.
Les traverses sont métalliques et les fixations sont très usées, à tel point que les écrous ont fusionnés avec les fixations. Cependant, le terrain étant stable, les manœuvres journalières se déroulent rapidement. Sans une énorme charge, les voies ne bougent pas.
Vue des traverses métalliques usées
Visiblement, rien ne semble perturber cet oiseau qui ressemble à un albatros. Il a poste d'observation tout trouvé dans ce magnifique arbre.
Wagon à bogies
La gare de Mwanza est très largement dimensionné pour le trafic actuel. A cette heure de la journée elle semble dormir, mais dès qu'un train arrive il règne une activité tout de suite plus importante!
Rien ne se perd et quoi de plus efficace comme clôture que de réutiliser les vielles traverses métalliques.
Clôture avec traverses
A côté de la gare, se trouvent les locaux de l'exploitant ferroviaire. Il subsiste des curiosités qui ont survécu jusqu'à notre époque. Ainsi, une draisine d'inspection des voies est garée là.
Draisine d'inspection des voies
Un rouleau compresseur est abandonné depuis si longtemps qu'un arbuste a poussé dans le bloc moteur.
Le poste d'exploitation est aussi intéressant à voir car tout est géré par radio avec un cantonnement téléphonique et des procédures. Pas d'informatique mais cela est suffisant étant donné le faible trafic journalier. Les agents sont d'une gentillesse rare et très contents de faire découvrir leur métier.
Poste d'exploitation (notez le mobilier marqué et le poste téléphonique)
A quelques kilomètres se trouve le faisceau de voies avec l'atelier et le dépôt de Mwanza. Au passage, nous remarquons une voie qui viendrait également du centre ville. Il s'agit d'une branche abandonnée. Les gens n'hésitent pas à l'emprunter comme alternative à la route.
Voie abandonnée
De ce point de vue, on a une vue sur le faisceau de voies ainsi que sur le lac Victoria.
L'aiguille d'entrée du faisceau est située juste après un croisement routier. La circulation y est particulièrement dense et avec toute sorte de véhicules (voitures, motos, tricycles à moteur, bus, camions). Le passage à niveau n'est hélas pas gardé et signalé sommairement par des croix de St André faites avec d'anciennes traverses. Lorsque le train veut franchir le passage à niveau, il siffle longuement et roule au pas. Les véhicules s'arrêtent alors comme par magie pour laisser passer la loco où le train.
L'aiguille d'entrée du faisceau
Le faisceau révèle plein de surprises. La première qui attire le regard est les manches à eau. Hélas plus de locomotives à vapeur mais il subsiste deux vestiges de cette époque.
Témoins de l'époque vapeur
En regardant d'un peu plus près on peut lire le nom du fabriquent "Fairbanks Morse Chicago". Il s'agit d'un industriel américain qui fabriquait des pompes, des locomotives entre autres.
Une voiture voyageur est stationnée sur une voie près de l'atelier. Elle semble être réservée à un usage interne (couchage).
Juste à côté, se trouve un wagon couvert et quelques essieux.
En poursuivant la visite on peut voir une des locos diesel stationnée et des wagons accidentés…
En s'approchant, on va pouvoir en savoir un peu plus.
Le bogie moteur nous donne déjà une indication de provenance (made in RSA, fabriqué en Afrique du Sud). Il y a de forte chance que ce soit une locomotive Class 37, General Motors Electro Motive Division du type GT26M2C, construite par General Motors South Africa. Selon la classification UIC c'est une locomotive de type CoCo.
Vue du bogie
La cabine de conduite est typique. La vitesse maximale est de l'ordre de 100 km/h.
La cabine de conduite
Le coupleur est différent de ce qu'on connait en Europe.
Juste derrière, une seconde locomotive est stationnée. Elle semble plus petite et relativement neuve. En fait il s'agit d'une rénovation faite par l'entreprise SMH RAIL en Malaisie. Sur le site web de cet industriel, on peut voir une photo d'avant la restauration.
La plaque apposée sur la loco confirme qu'il s'agit bien de SMH RAIL.
Nous quittons le dépôt pour aller voir le poste d'aiguillage. Tout se fait par radio et/ou à pied d'œuvre. Les aiguilles, qui sont encore en état, sont positionnées par l'aiguilleur.
A l'intérieur du poste, on peut voir deux étranges appareils qui semblent venir du siècle dernier. Il s'agit de l'ancien système de cantonnement à jeton (ici une clef). Les cantons vont d'une gare à l'autre sur la voie unique. La clef (spécifique à chaque appareil) n'est libérée que si la voie est libre. Il y a un appareil par canton.
Un passionné a mis en ligne la notice du fabricant anglais ici.
On remarque la petite plaque en dessous de l'indicateur électrique protégé par le clapet rouge où l'on lit MSO-FLA. MSO signifie Mwanza SOuth et FLA signifie FELA. Ce sont les deux gares du cantonnement en direction de Dar-Es-Salaam.
Le magasin des clefs est bien rempli. Ce système qui remonte bien avant 1940 n'est plus en service mais il est tout de même conservé.
Une autre curiosité est le télégraphe électrique MORSE. La ligne n'est plus en service mais les appareils sont toujours là!
Après ce voyage dans le temps, nous sortons du poste un peu songeur et en se demandant s'il n'y a pas d'autres surprises.
Vue du dépôt avec quelques wagons
Un wagon citerne attire notre regard. Il semble plutôt en bon état mais on n'arrive plus bien a lire la capacité en litres (4625 litres ?). Son immatriculation laisse penser qu'il est rattaché à Mwanza.
Détail sur l'attelage.
La plaque constructeur indique qu'il s'agit d'un wagon japonais datant de 1967.
A l'entrée du faisceau, en direction de la gare de Mwanza, il y a une station de pesée qui semble toujours en état. Le cheminement avec les morceaux de traverses est astucieux.
Dans la végétation, se dresse un panneau dit "facing point between station". C'est un signal d'avertissement.
Notre voyage ne s'arrête pas là. Il reste encore bien de choses à découvrir sur le reste de la ligne. Rendez-vous pour la suite!
