Nous poursuivons notre voyage en Tanzanie sur le voie métrique en direction de Mantare.
Mantare:
Cet endroit a un petit air de Far-West avec de grands espaces, des voies qui semblent partir sans fin vers l'horizon. Les gares suivent un modèle et la voie la plus proche de la gare dessert généralement la halle marchandises.
La halle marchandises de gare de Mantare
Après de très nombreuses années, le nom de la gare s'est presque effacé. Un peu comme dans la chanson "Oh j'cours tout seul" de William Sheller où il chante "mais j'peux pas m'arrêter vu qu'y a plus d'noms sur les gares".
A l'entrée de la gare se trouvent deux agents assis sur un banc qui n'a plus d'âge. Le petit lorry trône fièrement devant le porche comme pour nous signifier qu'il faudra être patient avant de voir le train.
Les agents d'un flegme sans doute hérité des britanniques savent que le train passera tard et qu'il faudra encore attendre des heures avant de l'apercevoir. Ils me laissent entrer dans la salle réservée à la signalisation et là aussi le temps s'est arrêté. J'aperçois un plan qui donne beaucoup d'information sur la configuration de la gare. Une voie principale (unique), une voie d'évitement et la voie marchandises.
Plan avec détails opérations possibles
A l'intérieur, une pile de documents qui servaient à l'exploitation et le système de cantonnement à jetons que nous avions déjà vu à Mwanza. Plus aucune clef, le temps s'est-il vraiment arrêté ?
Le cantonnement à jetons
Le plus intéressant est la copie des instructions pour l'utilisation des jetons qui explique comment procéder pour les jetons (ne surtout pas les mélanger) et à qui envoyer les télégrammes en cas de problème.
Un regard au loin et je n'aperçois toujours pas le train. Nous décidons de poursuivre jusqu'à la prochaine gare où nous aurons un peu plus de chance de voir du monde.
Bukwimba:
Pratiquement la même configuration que Mantare mais avec une seconde halle marchandises. Ici, il y a de la vie!
Toujours de grands espaces mais les installations ferroviaires et aux abords semblent être plus utilisées.
Un indice de plus, le levier de manœuvre d'aiguille est présent et l'aiguille est entretenue. Quelque chose me dit qu'ici il y a un bon chef de gare.
L'aiguillage vers la voie marchandises
Des wagons de marchandises sont stationnés sur cette voie réservée. Ils sont à portée de vue du chef de gare et des agents.
Nous allons voir le chef de gare qui nous avait déjà remarqué. Après les présentations nous expliquons que nous nous intéressons à tout ce qui touche le domaine ferroviaire. Nous sympathisons car nous avons affaire a un autre passionné qui connait parfaitement tous les nouveaux et anciens systèmes et aussi l'histoire de la ligne. Nous retrouvons les boites à jetons impeccables et nous avons droit à des explications détaillées.
Les appareils pour le cantonnement à jetons
Malampaka:
Une bonne distance nous sépare de notre dernière étape du jour. Il n'y a pas de route goudronnée seulement de la piste qui parfois ressemble à de la tôle ondulée. En arrivant à Malampaka, nous voyons une draisine d'inspection motorisée. Elle porte des inscriptions en chinois "China Civil". Il aurait super de pouvoir la prendre mais il n'y a personne pour la conduire. En jetant un œil à l'intérieur, je me dis que j'aurais pu la conduire.
Nous sommes tout près de la base travaux chinoise pour la construction de la nouvelle ligne qui sera à voie normale et électrifiée. Un grand changement se prépare donc. Pour autant la voie métrique n'est pas abandonnée car elle est très utile pour desservir les autres bases travaux.
Vue des wagons utilisés pour l'acheminement des engins et matériaux vers les autres bases travaux.
Des wagons marchandises sont en attente du prochain train à destination de Dar-Es-Salaam.
Je m'aventure un peu plus haut sur le talus pour avoir une meilleure vue.
La base travaux chinoise est de l'autre côté. C'est en cours d'achèvement et on voit des tentes bleues à proximité des bâtiments en dur. Peut-être pour les ouvriers tanzaniens qui travaillent et dorment sur place. Décidément, c'est comme au Far-West!
Des écolières facilement reconnaissables à leur uniforme traversent la voie.
Enfin après une longue attente le train arrive en gare! Il est à la fois passagers et fret. Pas de quai. Les voyageurs qui descendent ici le font comme ils le peuvent. L'équipe de conduite en profite pour aller chercher de l'eau.
Perché sur mon talus, j'entends klaxonner le train longuement avant de le voir disparaitre au loin en direction de Mwanza. Le train s'ébranle doucement et un agent du train, sur un marchepieds, salue de la main, tous les curieux un peu nostalgiques comme moi d'une autre époque du ferroviaire.
Je ne peux m'empêcher de penser que c'est sans doute une page de l'histoire ferroviaire de la Tanzanie qui se tourne mais on n'arrête pas le train du progrès.
PS:
En discutant avec un voyageur, celui-ci me dit qu'il y a encore des merveilles à découvrir sur la ligne et en particulier ce passage spectaculaire entre deux rochers qui s'embrassent!
